Malgré les protestations du conseil municipal des Bondons, du conseil municipal de Florac, de l'Association Lozérienne d'étude et de protection de l'Environnement et de l'association "SOS les Bondons et la Vallée du Tarn", malgré un article hallucinant du Monde du 11.04.1985 et deux articles de la Lozère Nouvelle du 5 et du 12.4.1985, les bulldozers et les pelleteuses sont passées à l'attaque. Résultat, au bout de 5 ans, il manque la moitié d'une montagne et la route a été détournée.
En rapprochant cette carte de 1955 avec une carte actuelle, on peut constater le grand chamboulement de la D135 avec l'élimination de cette épingle où Gérard Jugnot avait malencontreusement mis le feu à un car. A la place on y retrouve une carrière en escalier suivi d'un plateau et la D135 détournée vers le nord. Aussi ce que l'on peut surtout constater c'est que le tout a été abandonné. En effet après les 5 ans d'exploitation, il n'y a pas eu de demande de renouvellement de permis pour cause de site non rentable !!! C'était bien la peine...
Savez-vous que grâce au site de l'IGN, https://remonterletemps.ign.fr/ il est possible de retrouver des photos aériennes anciennes de toute la France... Grâce à cette méthode j'ai réussi à retrouver une ancienne photo aérienne du site du car que l'on peut rapprocher avec une photo plus récente. Ensuite je les ai superposées et avec un fondu regardez la magie opérer... On voit l'ancienne route du car ressurgir d'outre tombe juste au dessus de la ferme en bas de la carrière.
Quant à la D135, il fallait bien évacuer du site des tonnes de minerai, alors pour permettre le passage des camions bennes de plus de 30 tonnes, on a envoyé les bulldozers et les pelleteuses ouvrir la route. Sur plusieurs kilomètres, la montagne a ainsi été éventrée à grand coup de pelle et on a dégagé tout ce qui pouvait gêner le passage des camions. En outre, comme la route était trop longue et trop sinueuse, on a tiré tout droit entre ces 2 épingles où passèrent naguère le tracteur et les scouts. Au niveau du 2ème pont il n'y a donc plus d'épingle mais une intersection en lieu et place...
Ces si jolis petits ponts en pierre traversés par Jugnot et les Scout en 1985 en ont payé le prix cher, tous deux rasés, rayés de la carte.
Gérard Jugnot a tourné aux Bondons 5 scènes :
J'ai eu la chance de rencontrer le maire des Bondons de l'époque, Eugène Durand qui se souvient du côté festif du tournage et surtout du plaisir que les gens avaient de voir ces scènes notamment la plus fameuse, celle du car. Il adore lui aussi ce film et ne manque pas de le regarder à chaque rediffusion. Cependant, lorsque je lui parle de cette fameuse mine d'uranium et du site du car disparu, l'avis semble bien moins tranché qu'à l’époque.
"Vous savez quand on a essayé de bloquer le projet, moi je savais qu'on avait peu de chances d'y arriver". "j'étais opposé à ce projet car nous avions tous très peur de l'impact sur l'environnement et de la pollution mais à vrai dire tout était parfaitement suivi, tous les camions un par un contrôlés, passés au détecteur et triés avant de prendre la route. Les propriétaires ont été indemnisés plus qu'ils n'en espéraient par le MOKTA et puis, il y avait l'aspect social du projet aussi. Il faut savoir qu'une grande mine venait de fermer dans la région et il fallait reclasser les ouvriers sous peine de chômage. Les plus jeunes ont été placés sur d'autres site tandis que les anciens sont venus à la mine des Bondons pour finir de compléter leur trimestres pour avoir droit à leur retraite.
Lorsque je parle des petits ponts en pierre, Mr Durand me répond qu'ils n'étaient plus bien solides et que leur entretien coûtait bien cher à la commune. Il me dit aussi, "Vous savez ils nous ont fait une belle route départementale qui a coûté 700 millions à l'époque et c'est le département qui s'en occupe." "Ils ont aussi amené l'eau pour tout un hameau qui n'était pas raccordé." Pour la fermeture de cette mine, tout a été propre. "Il ont rebouché les trous, tout a été aplani et nettoyé, c'est très propre. Il y a d'autres endroits vous savez ils ont tout enterré sur place les machines, les outils... nous les écolos ici ils nous ont dit merci et aujourd'hui encore ils prennent des mesures de radio-activité.